Quel rapport entre ces deux concepts que n’existaient pas dans le monde des cadres il y a encore quelques mois ? A priori deux idées qui ne vont pas ensemble, voire que tout oppose !
Et pourtant… le lien est beaucoup plus évident qu’il n’y parait au premier abord.
Ce sont les réunions zoom (ou teams, ça marche aussi bien sûr) qui sont venues en premier. Après une rapide acclimatation à ce nouveau rythme de travail qui nous contraignait de manière très pavlovienne à brancher nos écouteurs et à exiger le silence autour de nous (« chut… Je rentre en réunion » alors que nous n’avions pas quitté notre fauteuil de bureau), nous avons appris à y trouver des avantages : pas de perte de temps dans les transports et les déplacements, tenue de travail pouvant être plus qu’approximative, multi-tasking plus discret… quand on ne s’autorise pas tout simplement à couper la caméra pour vaquer coupablement à d’autres occupations à l’insu de nos interlocuteurs (« font-ils la même chose ? Mais alors, qui intéresse réellement cette réunion ? … »).
Entre avantages et inconvénients, chacun y trouve son compte et sait maintenant arbitrer les choses raisonnablement.
Qu’est-ce qui manque ?
Et le quiet quitting dans tout ça ? Simple phénomène touchant la jeune génération ?
Dans le secteur du conseil par exemple, traditionnellement attractif pour les jeunes diplômés, ils sont aujourd’hui 25% à quitter leur poste chaque année. Ont -ils fait leur le célèbre « Work is not your life » lancé en juillet dernier sur les réseaux sociaux ? Quête de sens, équilibre vie personnelle – vie professionnelle, écoanxiété… ces maux sont-ils apparus d’un seul coup avec la fin des confinements ?
Avons-nous créé trop d’anticorps vis-à-vis de la norme-travail, ses heures statiques passées en réunion ou devant son écran, sa semaine de 5 jours – en présentiel, mot qui n’existait pas encore- scandée de quelques JRTT dans une année elle-même rythmée par des semaines de congé à moitié travaillées, nuque baissée, corps soumis, esprit confiné…
Mais nous avions aussi le collectif, l’équipe, les collègues… ce corps social qui tour à tour nous agace, nous protège, nous porte, nous lâche.. cet autre grâce auquel se positionner – pour, contre – est plus simple, ce garde-fou de notre liberté, qui nous en protège autant qu’il nous aide à la définir.
On sait depuis le développement des sciences cognitives et des expériences tragiques d’abandon que le petit humain a besoin de l’altérité pour se développer, non seulement pour grandir, mais pour bien grandir intellectuellement, émotionnellement et socialement. Il est vital pour lui de percevoir les mimiques associées aux mots, les expressions des visages qui stimulent et qui accompagnent les sons intelligibles. Sans ces stimuli, il risque d’avoir des déficiences et des retards cognitifs et psychiques. On s’étonne souvent : « Pourquoi est-ce que je me sens si fatigué avec une journée de réunion zoom ? Je n’ai rien fait de plus que si j’avais été en réunion au bureau avec mes collègues dans une salle » ; et bien si dans la même salle que vos collègues, vous auriez été stimulés par leurs réactions, leurs sourires, un retard, un bâillement, un mouvement brusque qui fait tomber le café… votre engagement en aurait été probablement stimulé ou au contraire votre désengagement se serait marqué, plus fortement.
Engagement et lien social : je me désengage quand le lien, en premier lieu avec les autres, se distend. Ce n’est pas que d’eux dont je m’éloigne, mais aussi, en partie, de cet engagement qui constitue le sens que je donne au travail.
Comme tout processus de désengagement, il débute par la fatigue, la perte de désir, le manque d’élan, la relativité de toute action – tout se vaut – pour aboutir au rejet passif.
Présidente Alteya Consulting – Conseil en Ressources Humaines et accompagnement de la transition inclusive des entreprises