L’Aderse est l’association académique consacrée à la recherche et l’enseignement de la RSE. Tous les ans, elle organise un congrès scientifique qui cette année se tenait à Bordeaux, accueilli par le laboratoire en sciences de gestion IRGO.
Mikael Hugonnet, OEC, Arnaud Phulpin (BPFT), Stéphane Peyrichou (Bordeaux Métropole), Philippe Tuzelet (SAFER), Erwan Kieffer (BPACA), Raphaël Chiappini (BSE), animée par Jean Etienne Palard.
Les controverses entourant des projets tels que l’autoroute 69, ou encore la cessation du projet d’aéroport à Nantes, illustrent bien les difficultés liées au financement des territoires. Ces débats mettent en lumière les divergences d’intérêts, et par conséquent les défis du développement territorial, appelés à préserver la biodiversité. Par exemple, l’autoroute 69 a pu être vue comme un projet favorisant la connectivité régionale, mais il soulève également des préoccupations environnementales et socio-économiques. Ainsi, alors que les métropoles expriment une forte volonté de développement en adoptant des objectifs ambitieux, le souhait de disposer de territoires zéro carbone d’ici 2050 semble bien de ce fait “contradictoire”.
Si l’on retient l’exemple de la métropole de Bordeaux, on voit qu’elle mobilise d’importants investissements en faveur des transitions écologiques et énergétiques. Cette orientation se traduit par une répartition des budgets publics entre les investissements traditionnels et ceux liés aux transitions vers une économie plus durable. Il devient essentiel d’intégrer ces transitions dans tous les projets d’aménagement, afin de garantir une cohérence globale, permettant une prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux. Cela signifie que chaque projet, qu’il s’agisse d’infrastructures de transport, de logement ou d’espace vert, doit être conçu en tenant compte de son impact sur la biodiversité, et sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Dans la diversité des interventions publiques visant à favoriser un développement territorial durable, on trouve des projets concrets comme la mise en place de bus express, offrant des solutions de transport plus efficaces et écologiques. Parallèlement, des approches plus souples sont également promues, telles que le renforcement des coopérations entre acteurs locaux afin d’encourager des initiatives collaboratives adaptées aux besoins spécifiques de chaque région. Pour ces initiatives à fort impact environnemental et social, divers instruments financiers sont mobilisés. Les “social impact bonds” et “green bonds”, par exemple, permettent de canaliser des fonds vers des projets bénéfiques pour la société et son environnement écologique. On observe également une évolution vers une approche bancaire regardante, où les banques conditionnent leurs prêts à des critères liés à la prise en compte de la réglementation environnementale et à l’évaluation des risques ESG. Cette tendance reflète une prise de conscience croissante des liens entre les aspects financiers et extra-financiers.
Les petites et moyennes entreprises (PME) reçoivent aussi des incitations à adopter des démarches de RSE dans leurs activités. Elles sont encouragées à collaborer avec des institutions telles que la Banque Publique d’Investissement (BPI) afin d’intégrer des pratiques durables et innovantes. Ce positionnement deviendra une condition d’accès au financement. Avec la suppression progressive du crédit impôt recherche, les entreprises seront incitées à diversifier leurs sources de financement et à adopter des stratégies plus axées sur la durabilité. Dans ce contexte, le rôle des acteurs financiers devient primordial dans la promotion et la mise en œuvre de la RSE. Ils jouent un rôle de catalyseur en encourageant les entreprises à prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux dans leurs décisions stratégiques, tout en assurant une viabilité financière de long terme.
Benoît Vergne est étudiant du master RSE à l'IAE de Bordeaux.
Stéphane Trébucq est professeur des universités, en poste au sein de l'IAE de Bordeaux et de l'Université de Bordeaux, rattaché au laboratoire IRGO - Institut de Recherche en Gestion des Organisations. Il est actuellement responsable du projet RSE en PME, et de l'axe transition écologique au sein du regroupement des laboratoires en sciences de gestion de Nouvelle-Aquitaine. Il est par ailleurs responsable de la chaire capital humain et performance globale, et co-rédacteur en chef des revues classées Recherche et Cas en Sciences de Gestion (RCSG), et Gestion et Management Public (GMP). Il a récemment présidé le conseil scientifique du congrès RSE de la fondation Oïkos et la remise du prix des Immatériels de l'Observatoire des Immatériels. Ses recherches et publications sont consacrées à la RSE et aux nouveaux outils de gestion intégrant les problématiques de durabilité et de performance globale.