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Les dons non fléchés sont-ils l’avenir du mécénat ?

Dans un écosystème mécénat en constante évolution, le concept des dons non fléchés apparaît comme un point de discussion essentiel entre mécènes et organismes sans but lucratif (OSBL). En particulier depuis la crise sanitaire de la Covid-19 qui a amené certains mécènes à assouplir, voire à éliminer, les restrictions en matière de dons, permettant aux OSBL de répondre plus rapidement à la crise.

Peu pratiqué en France, le financement non fléché représente un changement important par rapport aux modèles philanthropiques traditionnels. Fondé sur la confiance, il implique un soutien financier à long terme et sans restriction. Les OSBL peuvent ainsi allouer ces fonds à leur discrétion pour faire avancer au mieux leur mission. Leur capacité d’innovation se voit encouragée, ainsi que leur réactivité aux changements imprévus et aux crises.

Le débat sur le financement non fléché est nuancé au sein des entreprises mécènes

Pour ses partisans (peu nombreux), son potentiel d’action et de transformation est valorisé. Les dons non fléchés sont alors une nécessité pour favoriser des partenariats efficaces et équitables entre mécènes et OSBL. Celles-ci peuvent ainsi poursuivre leur plan stratégique, investir dans le développement de leur structure, et se concentrer sur l’impact à long terme, plutôt que sur les résultats à court terme, tout en ayant l’agilité de répondre rapidement à l’évolution des besoins et priorités. Les dons non fléchés leur donnent des moyens d’action sans trop avoir à se concentrer sur une recherche constante de fonds.

Pour les mécènes qui hésitent à franchir le pas, ou ne le souhaitent pas, la nécessité de rendre des comptes et d’avoir un impact mesurable sur la base d’objectifs ciblés est mise en avant. Flécher les dons est ainsi un moyen de s’assurer qu’ils sont utilisés à bon escient et liés à des résultats tangibles. Les mécènes n’ont donc pas à craindre que leurs dons soient dilués dans les frais généraux des organismes qu’ils soutiennent.

En affectant des ressources à des projets spécifiques, ils peuvent plus étroitement aligner ces projets sur les objectifs et les valeurs de leur entreprise, suivre plus précisément l’efficacité de leur financement et opérer des réajustements si nécessaire. Ce qui est essentiel à la pérennité du mécénat dans la grande majorité des entreprises, les parties prenantes et conseils d’administration exigeant des preuves visibles de la manière dont leurs dons font la différence.

Imaginer et rechercher collectivement une approche équilibrée

Alors que l’écosystème mécénat se trouve à la croisée des chemins, ce débat reflète une recherche collective d’une approche équilibrée qui respecte les besoins et potentiels uniques des OSBL, tout en garantissant la responsabilité, l’efficacité et l’impact de leurs missions. Cette recherche d’équilibre nous pousse à réimaginer ensemble la meilleure façon de soutenir le rôle essentiel des acteurs de l’intérêt général.

Cette approche est d’autant plus cruciale à une époque marquée par de multiples crises. Les OSBL doivent pouvoir gérer efficacement les incertitudes provoquées par les conséquences du dérèglement climatique, les changements démographiques, les urgences sociales et sanitaires…

Pour mener à bien leur mission, changer d’échelle et essaimer, elles doivent aussi avoir la capacité de financer les dépenses cruciales non liées aux programmes qu’elles mènent. Leur sous-financement peut considérablement limiter leur efficacité opérationnelle et leur capacité à fournir des services de qualité. Lorsque les mécènes se focalisent sur les résultats globaux, et pas uniquement sur les coûts, ils permettent aux OSBL d’investir de manière adéquate dans la gestion et le développement de leur structure.

Une approche équilibrée repose sur l’écoute et la compréhension des besoins financiers des différents organismes et des divers projets qu’ils mènent. Les coûts indirects peuvent en effet varier considérablement d’un organisme à l’autre, voire d’un projet à l’autre au sein d’un même organisme.

Leur permettre de définir leurs véritables besoins en matière de frais généraux dans leurs demandes de subventions, et les prendre en charge si cela se justifie, est peut-être une des voies vers des partenariats gagnant-gagnant au service de l’intérêt général.

Sources :

– “Why funders engage with unrestricted funding and cost recovery (and why they don’t)” – 2024 https://philea.eu/opinions/why-funders-engage-with-unrestricted-funding-and-cost-recovery-and-why-they-dont/

– “New Findings Show How Funders Need to Break the NGO Starvation Cycle” – Humentum, 2022 https://humentum.org/blog-media/new-findings-show-how-funders-need-to-break-the-ngo-starvation-cycle/

– “Call to Action: Philanthropy’s Commitment During COVID-19. Join the 806 Organizations who have Signed the Pledge!” https://cof.org/news/call-action-philanthropys-commitment-during-covid-19

– “The Unrestricted Funding Dilemma: Advantages and Challenges to General Support Grants” – 2020 https://cof.org/blogs/amplify/2020-10-20/unrestricted-funding-dilemma-advantages-and-challenges-general-support

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Fondatrice de Simply for Good dont la mission est de conseiller et d’accompagner opérationnellement les entreprises dans la construction, la structuration ou la montée en puissance de leur stratégie mécénat.

Quelle que soit leur taille, les entreprises peuvent toujours mieux et plus s’engager, et engager leurs collaborateurs, face aux grands défis sociaux et environnementaux. Et faire ainsi du mécénat un véritable levier d’impact positif sur leurs territoires, collaborateurs, image de marque et attractivité (candidats, clients…).

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