La RSE a parfois du mal à s’apparenter à une démarche économiquement vertueuse pour les entreprises qui s’y plieraient. Après tout dépenser de l’argent pour potentiellement égratigner ses marges ne semble pas d’une logique évidente pour une entreprise dont la raison d’être est, généralement, de maximiser ses profits.
La RSE est, il est vrai, une sacrée contrainte qui peut impacter toutes les composantes d’une entreprise en restreignant le champ des possibles. Conquérir des marchés ou préserver ses parts de marché peuvent parfois amener à des comportements qui frôlent la ligne jaune de l’éthique, voire la franchissent – Lafarge en a fait l’amère expérience récemment avec ses accointances douteuses en Syrie. Maintenant le classement 2021 de Transparency international, pour ce qu’il vaut, place la France en 23e position des pays corrompus sur près de 180 à relativiser les pays mieux classés à de très rares exceptions étant de « petites » nations d’un point de vue démographique (pays nordiques, Suisse, Singapour…).
Taille du pays, poids démographique, statut économique sont autant de facteurs facilitant la taille des entreprises et donc leur propension à vouloir être présente dans le plus de marchés possibles quitte à épouser des pratiques moins rigoureuses. Mais ne nous voilons pas la face Commission européenne et, en France, DGCCRF et Autorité de la Concurrence en France ne chôment pas et, régulièrement, nous apprenons que telle ou telle entreprise ou groupe d’entreprises ont été condamnés pour des pratiques déloyales voire illégales et donc assurément pas RSE !
La maximisation du profit n’est pas en soi contraire à de bonnes pratiques sociétales, mais si aucun contrôle n’est exercé on aboutit à des situations où franchissant les bornes du droit, du professionnalisme ou de l’éthique une entreprise peut se retrouver dans une zone de non-droit dont la connaissance se traduira immanquablement par une perte de clientèle, de notoriété, d’e-réputation voire plus. Et depuis, en France, loi Sapin II et autres textes qui encadrent et protègent les « lanceurs d’alerte » plus personne n’est à l’abri de voir dévoiler les dessous troubles de son activité.
La RSE peut donc, in fine, s’apparenter à une démarche économiquement vertueuse pour les entreprises qui l’adopterait, car elle privilégie une logique de croissance à long terme fondée sur une éthique partagée par l’ensemble de sa technostructure. L’exemple de Patagonia témoigne au demeurant qu’il est tout à fait possible, en effet, de concilier de nombreux aspects de la RSE et une logique pérenne de maximisation des profits ou en tout cas de croissance bénéficiaire et durable.
En somme on ne peut pas opposer la RSE et la logique économique fondatrice de l’entreprise sauf à témoigner de son intention de s’affranchir de toute éthique.
Maintenant la vraie question dans un contexte d’économie globale mondialisée est de savoir si cette façon de procéder est partagée de la même façon d’un bout à l’autre de la planète économique. Le respect des mêmes règles est essentiel.
Avocat au barreau de Paris, Associé RESPONSABLES