
Tout a commencé par une question.
Une question simple qui m’a été posée en réaction à un de mes précédents articles : « Pourquoi parler de mécénat à impact ? Cela signifie-t-il qu’il existe, par opposition, un mécénat sans impact ? Et si tel est le cas, est-ce encore du mécénat ? ».
Cette question, formulée pour ouvrir un débat, m’a poussée à m’interroger.
Pourquoi, effectivement, insister sur l’impact dans un domaine où, par essence, l’engagement vise à soutenir ou apporter des réponses concrètes à des défis sociaux et environnementaux ?
Ma vision du « mécénat à impact », celle que je porte au quotidien avec Simply for Good – Conseil en Mécénat d’entreprise, dépasse le cadre de la mesure d’impact social. Elle traduit une ambition stratégique globale, à 360° de la part des entreprises. C’est un mécénat pensé et construit pour être bénéfique à l’ensemble des parties prenantes engagées.
Sa mise en œuvre est une démarche de progrès continu et de confiance réciproque vers laquelle le mécénat devrait idéalement tendre selon moi, quels que soient la taille de l’entreprise et le budget qu’elle alloue à son mécénat.
Je vous partage ma vision pour nourrir le débat et l’échange.
Le « mécénat à impact », qu’est-ce que c’est ?
C’est un mécénat stratégique, articulé avec la raison d’être ou la mission d’une entreprise, sa stratégie RSE et ses valeurs. C’est une démarche volontairement orientée vers des résultats concrets et tangibles pour tous :
• Les associations soutenues par un partenariat équilibré, durable et efficace
• Les territoires et les bénéficiaires par une écoute et des réponses à leurs besoins, au travers des associations
• Les collaborateurs et candidats par une contribution à leur quête de sens et à leur envie d’utilité sociétale
• L’entreprise elle-même par l’ancrage de son rôle d’acteur et d’employeur responsable dans la société
Comment mettre en place un « mécénat à impact » ?
Installer une approche partenariale de la relation entreprise-association
C’est aller vers une relation horizontale, au-delà du simple financement ponctuel, pour devenir un véritable partenaire de confiance des associations.
• Octroyer majoritairement des dotations pluriannuelles
Le soutien à moyen ou long terme permet de générer un impact plus important, de contribuer à la pérennité et à l’essaimage des projets, et de donner de la visibilité aux associations pour qu’elles puissent se concentrer sur leur mission.
• Financer aussi les frais de structure et ne pas flécher tous les dons
Comme les entreprises, les associations ont besoin de financer leurs frais de structure ou de fonctionnement, qui sont essentiels à la bonne réalisation de leur mission. Elles doivent pouvoir expérimenter et réajuster leurs projets pour trouver la bonne solution pour leurs bénéficiaires. Ce qui implique du temps et plus de dotations moins/non fléchées, qu’elles pourront affecter là où elles estiment que c’est nécessaire.
• Accompagner le reporting et la mesure d’impact des associations
Suivre des indicateurs et mesurer l’impact des programmes est chronophage pour les associations, à supposer qu’elles aient les ressources humaines à y dédier. Pour autant, le besoin des mécènes de rendre compte des actions menées est légitime et doit être proportionnel au montant des dotations et à la nature des projets soutenus. Il est donc important que les mécènes se coordonnent et mutualisent, avec les associations, la création d’un outil de reporting et le financement de la mesure d’impact. En gardant à l’esprit qu’un rapport de mesure d’impact devrait avant tout être une occasion de dialoguer entre mécènes et associations, et non un critère de sélection dans un appel à projets.
• Soutenir les associations dans la recherche d’autres mécènes
La recherche de mécènes (dons financiers, en compétences, produits, solutions…) est souvent un travail chronophage et fastidieux pour les porteurs de projets. Par le vaste écosystème dans lequel elles évoluent, les entreprises ont la capacité de prendre ce rôle de facilitateur-connecteur pour aider leurs partenaires associatifs à trouver d’autres mécènes qui œuvrent dans le même champ d’intervention, et sur les territoires sur lesquels les associations sont et souhaitent se développer.
Mettre les compétences de ses collaborateurs au service des associations, en se concentrant sur la pertinence et l’impact des missions
La mise en place d’un dispositif de mécénat de compétences peut être complexe puisqu’il s’agit d’aligner les vrais besoins des associations, les aspirations, compétences et contraintes des collaborateurs, ainsi que les spécificités propres à chaque entreprise. Cette relation tripartite implique de respecter quelques règles pour s’installer dans la durée, et apporter de la valeur à chacune des parties prenantes.
Il n’y a, a priori, pas d’antagonisme entre la durée d’une mission et son impact. L’impact sera au rendez-vous tant que les missions correspondront à des besoins réels, qu’il s’agisse d’être mentor quelques jours dans l’année à raison de quelques heures par mois, de s’asseoir une journée autour d’une table avec des collègues pour « craquer » le problème d’une association, de passer une demi-journée à préparer des colis pour des personnes âgées isolées… ou bien de rejoindre pendant deux ans le Conseil d’administration d’une association pour contribuer à son développement.
En proposant aux collaborateurs différentes modalités d’engagement, l’entreprise fait également du mécénat de compétences un des leviers de sa marque employeur, et un outil de développement de leurs compétences (soft et hard) de ses équipes.
Alors, pourquoi parler de « mécénat à impact » ?
• Parce qu’il est possible de faire du mécénat sans impact, ou à faible impact, et que c’est ok à partir du moment où il s’agit d’une orientation choisie par l’entreprise
• Parce que, selon moi, le mécénat est un investissement sur l’avenir pour la société, la Planète, les entreprises, et les collaborateurs qui sont aussi des citoyens
• Parce que la recherche d’impact pour toutes les parties prenantes exige une ambition et une vision communes, et une approche partenariale basée sur la confiance
• Et enfin, parce que dans un monde où les attentes envers les entreprises ne cessent de croître, le mécénat doit être plus qu’un geste généreux ou opportuniste qui pourrait être mal compris, et retourné contre l’entreprise. Qu’on l’appelle « mécénat à impact » ou « mécénat stratégique », il doit progressivement devenir un véritable levier de transformation positive afin d’accroître son utilité, et d’assurer sa pérennité dans un contexte économique et géopolitique insécurisant pour les entreprises.
Fondatrice de Simply for Good dont la mission est de conseiller et d’accompagner opérationnellement les entreprises dans la construction, la structuration ou la montée en puissance de leur stratégie mécénat.
Quelle que soit leur taille, les entreprises peuvent toujours mieux et plus s’engager, et engager leurs collaborateurs, face aux grands défis sociaux et environnementaux. Et faire ainsi du mécénat un véritable levier d’impact positif sur leurs territoires, collaborateurs, image de marque et attractivité (candidats, clients…).